Prélude au voyage II, La Vache Sacrée !

Deuxième partie, Voyage en Inde dans le Rajasthan.

Vidéo « Prélude au Voyage II – La Vache Sacrée
Femmes récoltant l’herbe fraiche pour les vaches.
Marché de Ville de Jodhpur
Temple Hindou Samadhishvara – Chittorgarh

Texte : Monique Giraud : « La Vache Sacrée »

Photos, vidéos, Montage et voix : Thierry Laruelle

Musique : Méditation Indienne

Dès l’arrivée à Dehli, votre regard se pose non seulement sur cette foule de gens qui arpentent les rues étroites dans un vacarme en tout genre, où cette multitude de rickshaws au klaxon débridé ne vous laisse aucun répit de calme. Et là, au milieu de la rue, cernées par les motos, les voitures ou les rickshaws, les vaches restent immobiles, debout ou couchées, solitaires ou par deux ou trois, seuls éléments statiques dans la cohue des hommes. Allongées, immobiles, aux regards inexpressifs, plusieurs vaches et zébus vous empêchent de passer, non pas par agressivité ou par manque de courtoisie, la vache est vénérée et elle veut tenir son rang. Non ! Tout simplement parce qu’elles prennent toute la place dans ce passage délicat, débordant d’objets de cuisine, de vases en terre cuite et de quincailleries, où le commerçant vous regarde d’un air souriant. Les oreilles de ces zébus pendent, indifférentes au vacarme, aux cris, aux klaxons, aux moteurs. Chacun de leur geste est longuement calculé, médité entre des yeux mi-clos aux paupières à demie baissées et aux longs cils dorés. Lorsqu’enfin elles bougent, les femmes s’écartent en resserrant les plis de leurs voiles, les véhicules les évitent, un passage se dégage pour elles. Depuis des siècles, elles acceptent avec noblesse, les marques d’attention, le respect qui les entoure.

Entrer en immersion, dans une ville comme Agra ou tant d’autres dans le Rajasthan, suivre son guide dans la rue du grand bazar, se faufiler parmi les piétons, admirer le travail et l’habileté des artisans restera pour vous une expérience inoubliable. 

Au petit matin, avant que les commerces n’ouvrent et que les rues grouillent de monde, les vaches se regroupent en petits troupeaux et rejoignent chaque jour les mêmes lieux où elles pourront être nourries par les habitants. Tous les matins, deux métiers se coordonnent pour offrir à ces vaches le respect qu’elles méritent ; Il y a les collecteurs de lait car chaque vache est la propriété de quelqu’un ou peut-être par habitude ou parce qu’elles ne produisent plus de lait, elles sont alors abandonnées plutôt que d’être envoyées à l’abattoir ; la plupart des Indiens sont végétariens et par son statut sacré, la vache n’a jamais été exploitée pour sa viande.

Chaque soir, il y aussi ces femmes de castes inférieures qui coupent de l’herbe dans les champs environnants et ramènent leurs fagots d’herbe encore imprégnés d’humidité de la veille dans ces ruelles pour vendre leur récolte aux résidants. Chaque jour, tous les habitants de ces quartiers offrent aux vaches les restes de leur repas et achètent l’herbe coupée de ces femmes pour agrémenter l’alimentation de ces ressortissantes d’un rituel ancestral encore présent aujourd’hui. Le fait de nourrir ces vaches sacrées, surtout les jours de fête, chaque Hindou attire à sa porte une vache pour lui donner des friandises et pour gagner un meilleur Karma par un acte de piété. Par ce don et ce respect à la vache sacrée, il participe ainsi à une économie qui permet à chacun de gagner chaque jour sa vie grâce à cet équilibre social, à ce rituel religieux et permet aux vaches vagabondes d’être nourries.

Mais, vous allez me demander pourquoi ces animaux sont devenus sacrés ? En fait les vaches sont là, depuis toujours. Gau Mata qui est le don de vaches aux brahmanes, sont les « mères ». En fait, lorsque les Maharadjas ont commencé à frapper les monnaies, qui étaient utilisées en ville, par les marchands sachant que la richesse dans les campagnes ne s’exprimait encore que par le nombre de vaches que la famille pouvait posséder ; la vache devint alors une monnaie d’échange contre des marchandises, des services ou en dot à l’occasion du mariage de leur fille.

Les vaches étaient là au début de l’humanité avant les pyramides des égyptiens, avant les lois d’Hammourabi (sixième roi de Babylone, appelé le guérisseur pendant la période de 1750 avant AC), et les vaches ont toujours été au plus près des hommes ; car les vaches nourrissent les humains par cette richesse naturelle qu’elles possèdent, le lait. Mais aussi, grâce à sa bouse mélangée à de la paille et séchée au soleil, cette matière se transforme en combustible pour faire la cuisine et également avec de l’argile, elle constitue un matériau parfait pour le plâtrage des maisons car elle rend plus facile le nettoyage au sol et possède des propriétés antiseptiques efficaces.

Si l’on se réfère à la mythologie de Vishnou et à sa huitième incarnation Krishna, son histoire raconte que lorsqu’il gardait son troupeau de vaches, Krishna jouait de la flûte pour les divertir.  Depuis toujours, ces histoires ont alimenté les légendes et permis de glorifier cet animal. Chaque hindou aujourd’hui perpétue cet acte de piété en prenant soin de la vache qui a été sanctifiée par la religion Hindouiste. Une autre histoire nous est proposée, qui donne à la vache son caractère sacrée, elle est basée sur la croyance des hindous qui ne peuvent atteindre le paradis qu’après avoir franchi la rivière mythique en tenant la queue d’une vache.

D’autres animaux en Inde sont sacrés, comme le Singe, le Cobra, le Taureau et le Paon car chacun d’entre-eux est associé à un Dieu, mais la vache occupe depuis toujours le premier rang !